Les lycéens sont très rarement habitués au théâtre. En revanche, ils sont familiers des séries et d’un cinéma moderne très dynamique utilisant des narrations complexes. J’ai donc choisi de traiter des scènes courtes aux enchaînements rapides, et d’utiliser des galeries de personnages dans un rythme enlevé.

Pour rester dans une distanciation brechtienne permettant l’analyse, seuls deux acteurs interprètent les 15 personnages de la pièce. Un simple accessoire, en plus d’une proposition physique, suffisent à passer de l’un à l’autre tout en restant à vue du spectateur.

Pour faciliter la compréhension des changements de personnages, d’époques, de lieux, nous nous sommes appuyés sur une création sonores ambitieuses. Une ambiance angoissante, dissonante, oppressante accompagne les scènes où le personnage de Tristan subit angoisse, mal-être, pensées suicidaires. Un montage de petites phrases de l’entourage de Lina permet de rendre sensible avec un procédé très cinématographique le parcours des accompagnants. Des ambiances sonores (hôpital, école, manifestation) situent instantanément le lieu de l’action auprès du public. Une succession de sirènes, de cri, de musiques appuient parfois la tension dramatique.

Les passages les plus violents (scarification, crise d’angoisse et bagarre) sont abordés via la poésie avec l’utilisation de marionnettes, de voix off et de musiques.

Le jeu des comédiens s’engageant avec simplicité et pudeur, offre à voir, à entendre et à ressentir le parcours émotionnel des 4 personnages principaux.

Enfin, l’humour de Nathalie Becker est aussi présent tout au long du spectacle et permet des petites touches de légèreté, contre-point nécessaire à un tel sujet.